The cod(e) est né au cours du mois de juillet 2023 sous l’impulsion de Léa Lebrun et moi-même. En partant du constat que les propagandes anti-migrants sont davantage visibles que les messages d’accueil, nous avons, en réaction, décidé de travailler à l’élaboration d’une symbolique qui pourrait être utilisée pour signifier notre désir d’hospitalité à celles et ceux qui quittent leurs pays.

Le point de départ de ce projet est la maison intergénérationnelle des Remparts à Avignon où nous sommes arrivés en résidence avec deux récits d’accueil que nous souhaitions raconter aux habitant·es du lieu.

Le premier de ces récits est celui de deux cents kurdes qui se sont échoués en 1998 sur la plage de Riace, les visages couverts de sel après une éprouvante traversée depuis la Turquie. Le documentaire Un paese di Calabria* raconte comment leur arrivée a été vue comme une chance dans ce village du sud de l’Italie, victime d’un fort exode rural. Les migrant·es ont rénové des maisons à l’abandon et redonné de l’ambiance aux fêtes de village offrant à Riace un nouveau souffle.

Le second récit que nous avons partagé à notre arrivée à Avignon est le naufrage de la nef Querina raconté sous la forme d’une performance au cours de laquelle j’ai lu le témoignage des marins* tandis que Léa traçait, avec du sel, la trajectoire de leur dérive sur une nappe dont les plis formaient une carte des littoraux d’Europe occidentale.

En 1431, son navire part de Crête en direction des Flandres pour y livrer une cargaison de coton et d’épices. Mais une violente tempête brise le mât et le gouvernail du bateau condamné à dériver de longs mois dans les eaux du Gulf Sream jusqu’à l’île de Røst au nord du cercle arctique. Là bas, les naufragés sont secourus par la population locale qui les accueille dans leurs maisons de bois. Pendant cent jours, ils retrouvent ainsi des forces et découvrent ébahis les coutumes de ce peuple isolé qui s’est accommodé de la rudesse du climat en faisant sécher au vent la morue pêchée dans les eaux poissonneuses de l’archipel. On dit que si la morue est encore aujourd’hui si présente dans la gastronomie vénitienne, c’est parce que les survivants en rapportèrent en Italie.

Nous avons tiré de ces récits fondateurs, représentants des exemples positifs de rencontre entre deux peuples, des éléments tels que la morue séchée et le sel auxquels nous avons attribué un statut symbolique. En ont résulté pour l’heure un hologramme : Sans Titre N^o1, un oriflamme : Sans Titre N^o2 et un monument : Sans Titre N^o3.