Au cours de notre résidence à Avignon, nous avons découvert que la maison intergénérationnelle où nous travaillions était au cœur d’un quartier autrefois surnommé la “petite Italie” de par la présence de nombreux réfugiés italiens ayant fuit leur pays à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Statue d’Andrea Di Cintio de Stefano Mincione (1997) - Scan 3D de Maxime Callen et Léa Lebrun (2023)
Placée à l’entrée du quartier, la statue d’Andrea Di Cintio, le premier des abruzzes ayant migré à Avignon, rappelle que les italiens ont toujours été très présents en Provence. Dans le No137 de La France latine*, Philippe Blanchet explique que cette période a donné lieu à une certaine italianisation du provençal dont on conserve quelques expressions devenues familières.
Nous nous sommes prêtés à un jeu d’écriture en utilisant ces expressions pour construire les slogans poétiques, contestataires ou décalés qui entrecoupent la rotation de la morue en 3D.
Projetée dans une alcôve du jardin qui accueillait à l’origine une statue de sainte, la morue semble flotter comme un artefact précieux.
*Blanchet, P., (2003). Contacts et dynamique des identités culturelles : les migrants italiens en Provence dans la première partie du XXe siècle.
Enregistrement réalisé au cours de la soirée de restitution de la résidence.
En jouant avec l’aspect futuriste de l’hologramme et cette ancienne alcôve, nous avons voulu créer une esthétique à la croisée des époques signifiant l’immuabilité de la migration.
“On a été des millions à quitter le pays. D’autres le feront encore. De ceux qui sont partis, beaucoup ne reviendront pas. D’autres arriveront. C’est l’histoire des hommes, non ? Il n’y a rien à dire de plus.”
Extrait de Un paese di Calabria faisant entendre la voix d’une émigrée italienne partie de Riace vers la France en 1931.